Þórr, Donar en Allemagne, est l'un des principaux dieux du panthéon nordique. Il est le dieu du tonnerre – c'est d'ailleurs la signification de son nom. Le plus fort des Ases, il a pour mission de combattre les géants.
Óðinn et de Jörð, personnification de la terre. Il est donc le demi-frère de Baldr. Il est l'époux de Sif, et, à ce titre, le beau-père d'Ullr, et le père de deux fils, Móði et Magni (ce dernier né de son union avec la géante Járnsaxa) et d'une fille, Þrúðr.
Þórr est le fils d'Il vit à Þrúðheimr ou Þrúðvangar, et sa halle se nomme Bilskirnir. Il a pour serviteurs Þjálfi et Röskva, les enfants d'un paysan, qu'il a reçus en compensation pour l'un de ses boucs estropié (Gylfaginning, ch. 44).
Þórr a pour principal attribut le marteau Mjöllnir, accompagné d'une ceinture de force qui double sa force divine (« ásmegin ») et de gants de fer qu'il doit porter pour manier Mjöllnir. Il se déplace dans un char tiré par deux boucs, appelés Tanngnjóstr et Tanngrisnir.
Il est représenté comme grand et fort, et portant une barbe rousse. C'est un grand mangeur et un grand buveur. Il est prompt à la colère, et généralement peu subtil, même si les Alvíssmál le montrent vaincre par la ruse le nain Alvíss.
Dieu de la force, Þórr incarne la deuxième fonction dumézilienne, et peut à cet titre être comparé à l'Indra du védisme. Il est le défenseur des dieux comme des humains contre les géants. Les dieux l'invoquent par exemple lorsqu'ils sont menacés par Hrugnir (Skáldskaparmál, ch. 17). Il est traditionnellement présenté comme étant en voyage à l'Est, pour combattre les géants, et plusieurs mythes présentent sa lutte contre les créatures du chaos. Il est le meurtrier de Hrungnir, de Þjazi, de Hymir, de Þrymr, du maître bâtisseur d'Ásgarðr, de Geirrøðr et de ses filles, et de bien d'autres géants et géantes, par exemple ceux mentionnés dans les strophes de Þorbjörn dísarskáld et de Vetrliði Sumarliðason. Il est en revanche impuissant face à la magie de Skrýmir. Mais son principal adversaire est Jörmungandr, le serpent de Miðgarðr. De nombreuses sources évoquent le combat qui les oppose. La Hymiskviða, plusieurs poèmes scaldiques (la Ragnarsdrápa de Bragi Boddason, le poème sur Þórr d'Eysteinn Valdason, la Húsdrápa d'Úlfr Uggason) et plusieurs pierres historiées (la pierre d'Altuna, en Suède, la croix de Gosforth, en Angleterre) représentent l'épisode au cours duquel Þórr pêche le serpent, et manque de peu de le tuer (ou le tue, selon les versions). C'est finalement lors des Ragnarök que Þórr tuera Jörmungandr, mais il ne fera ensuite que neuf pas avant de tomber mort, empoisonné par le venin de son ennemi (Völuspá, str. 56).
Le rôle de Þórr déborde toutefois de la deuxième fonction dumézilienne : il apparaît aussi comme un dieu de la fertilité et de la fécondité. Dieu du tonnerre, Þórr, plus généralement, « préside aux airs, et gouverne le tonnerre et la foudre, les vents et les pluies, le beau temps et les récoltes », selon Adam de Brême (Gesta Hammaburgensis ecclesiae pontificum, IV, 26). Son lien avec la fertilité est peut-être ancien, si l'on admet que c'est le dieu qui est figuré sur les pétroglyphes représentant un homme brandissant une hache ou un marteau au-dessus d'un couple en train de s'unir. Il pourrait en effet s'agir d'une bénédiction. Cette image peut être rapproché du passage de la Þrymskviða (str. 30) où Mjöllnir est amené pour consacrer la fiancée (Þórr déguisé en Freyja). Ce rôle de Þórr comme consécrateur se retrouve dans le récit des funérailles de Baldr, où le dieu consacre le bûcher avec Mjöllnir (Gylfaginning, ch. 49), ou dans l'épisode où il ressuscite ses boucs en les consacrant avec son marteau (Gylfaginning, ch. 45).
Þórr apparaît comme le dieu le plus populaire vers la fin de la période païenne. Durant la christianisation, c'est lui qui est représenté comme l'adversaire du Christ (ainsi, dans la lausavísa de Steinunn Refsdóttir). Témoignent de sa popularité la fréquence de son nom dans les noms de personnes – près d'un quart de celles citées dans la Landnámabók porte un nom commençant par Þor- – ou de lieux, les nombreuses amulettes représentant Mjöllnir, les poèmes qui lui sont consacrés (Þórsdrápa d'Eilífr Goðrúnarson, poème sur Þórr d'Eysteinn Valdason), voire adressés (ceux de Þorbjörn dísarskáld et de Vetrliði Sumarliðason). En revanche, les récits évoquant des temples où un culte était rendu à Þórr (par exemple l'Eyrbyggja saga, ch.4) ou les sacrifices humains qui lui étaient dédiés (Historia Normannorum de Dudon de Saint-Quentin, Livre I, ch. 2 ; Landnámabók, H 73) sont douteux. Þórr apparaît plus spécifiquement comme le dieu du peuple, des paysans libres, les bœndr, par opposition à Óðinn, dieu des rois et des guerriers. Cette opposition est particulièrement marquée dans le Hárbarðsljóð (str. 24), où Óðinn se vante d'avoir « les jarls, qui sont tombés au combat », tandis que Þórr reçoit « la race des esclaves ».