Sæhrímnir est le sanglier dont se nourrissent les einherjar à la Valhöll. Il est cuit et consommé chaque jour, mais se reconstitue chaque fois.

Dans la Gylfaginning (str. 38), Gangleri demande comment Óðinn peut nourrir les einherjar à la Valhöll, tant ils sont nombreux. Hár lui répond qu'« il n'y aura jamais telle affluence de gens à la Valhöll que la viande du sanglier qui se nomme Sæhrímnir ne soit pas suffisante pour eux. Il est cuit chaque jour et à nouveau entier. […] Andhrímnir se nomme le cuisinier, et Eldhrímnir le chaudron ».

Est ensuite citée, à l'appui, une strophe des Grímnismál (18) :

« Andhrímnir fait
dans Eldhrímnir
cuire Sæhrímnir,
la meilleure des viandes,
mais peu savent
de quoi se nourrissent les einherjar. »
 

Les boucs de Þórr ont eux aussi la propriété de se régénérer après avoir été consommés (Gylfaginning, ch. 44).

L'image évoque les anciens sacrifices rituels d'animaux, mais peut aussi avoir subi l'influence tardive du pays de cocagne des contes.

Elle connaît plusieurs analogues irlandais (les cochons de Manannán, notamment).

Sæhrímnir, Andhrímnir et Eldhrímnir partagent l'élément -hrímnir, de hrím, la suie. Quant au premier élément de Sæhrímnir, il pourrait s'agir de sær, la mer, ce qui donnerait un « animal marin couvert de suie », mais il est difficile de voir le rapport avec le porc. Peut-être s'agit-il plutôt de seyðir, nom désignant la fosse dans laquelle était fait le feu pour la cuisine, mais une telle solution se heurte à des obstacles linguistiques.