Le Viking (1997) est un épisode de la série télévisée humoristique Les Carnets de Monsieur Manatane. Il y est question du port du casque à cornes à l'école.

Monsieur Manatane (Benoît Poelvoorde, co-créateur de la série avec Pascal Le Brun) va à la rencontre de Willy Odin, le père d'une jeune fille renvoyée de l'école communale parce que sa religion l'oblige à porter le couvre-chef traditionnel : le casque à cornes.

Le sujet fait écho aux polémiques sur le port du voile islamique à l'école, qui ont eu un grand retentissement médiatique et politique en France à partir de 1989, lorsque trois jeunes filles furent exclues d'un collège de Creil.

Accueilli chez Willy Odin, où toute la famille, chien compris, porte le casque à cornes – comme chez Hägar Dünor, Monsieur Manatane, autour d'un café servi dans une corne, interroge son hôte sur les mœurs des vikings, réputés « sans merci ».

Monsieur Manatane Le Viking

« Willy, vous êtes viking et, à ce titre, vous violez, vous pillez, vous écartelez les prêtres et vous tabassez les boucs avec une batte. »

Sont ici énoncés plusieurs des stéréotypes les plus communs sur les vikings.

Le viol et le pillage sont des éléments incontournables de la représentation des vikings, notamment dans les œuvres de fiction : la scène d'ouverture des Vikings de Richard Fleischer (1958) en fournit une parfaite illustration. Que les vikings se soient montrés particulièrement violents ou cruels – au regard des usages de leur temps – fait cependant débat1.

Quant aux massacres de prêtres, ils constituent un lieu commun des témoignages des activités vikings. Dès 793, dans sa lettre adressée au roi Ethelred après le pillage du monastère de Lindisfarne, Alcuin dépeint « l'église de saint Cuthbert éclaboussée du sang des prêtres de Dieu ». Les exactions des vikings sont décrites de façon plus horrifique encore dans les sources tardives. Ainsi, les Gesta episcoporum Leodiensium racontent, près de deux siècles après l'événement, le martyre des moines de la collégiale Saint-Pierre de Liège qui, en 881, eurent le crâne percé de clous.

Les meurtres de membres du clergé ont été d'autant plus volontiers consignés – et parfois amplifiés – que la plupart des témoignages contemporains proviennent du milieu ecclésiastique. Il est aussi exact qu'églises et monastères constituaient des cibles privilégiées des pillards, car ils concentraient une grande richesse et étaient souvent mal défendus. Mais les sources n'attestent pas d'acharnement particulier à l'égard des clercs.


1 Débat ouvert par Peter Sawyer qui, en 1962, écrivait : « Once the prejudices and exaggerations of the primary sources are recognised, the raids can be seen not as an unprecedented and inexplicable cataclysm, but as an extension of normal Dark Age activity » (The Age of the Vikings, 1962, p. 194).