Iðavöllr est la plaine dans laquelle se rassemblent les dieux au commencement et à la fin des temps.

Frolich Idavollr 1Les Ases sur Iðavöllr au commencement des temps, par Lorenz Frølich.
Illustration de Den ældre Eddas gudesange, traduits par Karl Gjellerup (1895).
Iðavöllr apparaît au commencement des temps, dans une strophe de la Völuspá (str. 7), développée dans la Gylfaginning (ch. 14). C'est là que les dieux se rassemblent, bâtissent des temples et des autels, fabriquent une forge et des outils, avec lesquels ils produisent des richesses :

Les Ases se réunirent
sur Iðavöllr,
eux qui bâtirent
de hauts temples et autels ;
installèrent des forges,
produisirent des richesses,
fabriquèrent des pinces
et firent des outils.

Les dieux connaissent alors une période de joie et d'abondance, au cours de laquelle ils s'adonnent à des jeux (Völuspá, str. 8).

Iðavöllr réapparaît après la destruction du monde, dans une strophe de la Völuspá (str. 60), également développée par Snorri (Gylfaginning, ch. 53). C'est là que les dieux qui auront survécu aux Ragnarök se remémoreront les anciens temps :

Les Ases se retrouvent
sur Iðavöllr
et parlent
de la puissante corde de la terre1
et se remémorent là
les grands événements
et les anciennes runes
de Fimbultýr2.

Ils retrouvent, dans l'herbe, les tabliers d'or sur lesquels les dieux jouaient aux temps anciens (Völuspá, str. 61).

La signification du nom demeure incertaine. Völlr désigne une plaine. peut dériver d'une racine indo-européenne *aidh-, « brûler », ce qui donnerait « plaine brillante ». Le nom existe en vieux norrois, où il signifie « activité ». Ce serait alors la « plaine de l'activité (des dieux) ». Cet dérive d'une racine indo-européenne *ei-, qui traduit l'idée de mouvement. Iðavöllr serait alors la plaine en mouvement perpétuel, qui se renouvelle constamment, donc, peut-être, « plaine toujours verte ». Cette dernière hypothèse semble la plus convaincante, au regard du caractère cyclique du temps dans la Völuspá. La proposition, défendue au XIXe siècle par Sophus Bugge, qu'Iðavöllr dériverait de l'Eden biblique est en revanche aujourd'hui écartée.

 


1 Traduction de « moldþinurr », qui désigne Jörmungandr, le serpent qui encercle Miðgarðr. Une kenning équivalente, « stirðþinull storðar », est employée par Ulfr Uggason dans sa Húsdrápa.
2 L'un des noms d'Óðinn.

Écrit par Frédéric VincentCatégorie : Lieux mythologiques