Les elfes (álfar, singulier álfr) sont des créatures mythologiques liées au culte des ancêtres et à la fertilité.

Von Schwind, La Danse des elfes dans un bosquet d'aulnesMoritz von Schwind, La Danse des elfes dans un bosquet d'aulnes.
Huile sur toile, 1844.
Städel Museum, Francfort-sur-le-Main.
Les textes mythologiques sont très discrets sur les elfes. Leur rôle n'est pas précisé. Ils ne sont pas décrits, même si certaines expressions permettent de les représenter comme beaux (l'adjectif anglo-saxon ælfscyne signifie « beau comme un elfe ») et brillants (leur nom dérive peut-être de l'indo-européen *albh : « briller », « être blanc »1, la kenning álfröðull : « disque d'elfe », désigne le soleil). Enfin, leurs noms ne sont pas connus, à l'exception de Dáinn (Hávamál, str. 153), qui est plus souvent le nom d'un nain, et de Völundr (Völundarkviða, str. 10, 13, 32), qui ne présente pas les caractéristiques d'un elfe.

Dans les poèmes eddiques, les elfes sont cités collectivement, souvent associés aux Ases : la formule « ása ok álfa » apparaît dans les Hávamál (str. 159), les Grímnismál (str. 4), les Skírnismál (str. 7), la Lokasenna (str. 2, 13 et 30). Ils sont également mentionnés en parallèle avec les Ases dans la Völuspá (« Hvat er með ásum ? / Hvat er með alfum ? » demande la prophétesse). La place élevée des elfes dans la société divine est attesté par le nombre de prénoms construits sur Álf-, ou Ælf- en anglo-saxon.

Blommér, Les Elfes de la prairieNils Jakob Olsson Blommér, Les Elfes de la prairie.
Huile sur toile, 1850.
Nationalmuseum, Stockholm.
Il a existé un sacrifice aux elfes, l’álfablót, dont témoignent les Austrfararvísur (str. 4-8), de Sigvatr Þórðarson. Il s'agit d'un culte domestique, peut-être célébré par une femme.

Il apparaît que les elfes sont en rapport, d'une part avec les ancêtres et, plus généralement, les morts, et, d'autre part, avec la fertilité et la fécondité. Ces deux aspects sont illustrés par le culte rendu après sa mort au roi du Vestfold Ólafr Guðröðarson : le peuple apportait des offrandes à son tertre funéraire pour obtenir de bonnes récoltes, et c'est ainsi qu'Ólafr fut surnommé Geirstaðaálfr (« l'elfe de Geirstaðir »).

En tant qu'ils sont liés à la fertilité, les elfes paraissent très proches des Vanes, au point qu'ils semblent parfois confondus avec eux. Témoigne, par exemple, de cette proximité le fait qu'Álfheimr (« monde des elfes ») soit une résidence de Freyr.

Snorri distingue dans son Edda (Gylfaginning, ch. 17) les elfes lumineux (ljósálfar), qui sont « plus beaux que le soleil » et vivent à Álfheimr, et les elfes sombres (døkkálfar), qui vivent sous la terre et sont « plus noirs que la poix ». Pour Jakob Grimm, cette distinction renvoie à des concepts chrétiens : d'un côté, les anges, de l'autre, les démons. Il est également possible que Snorri ait ainsi tenté de distinguer les deux aspects des elfes.

Par la suite, en Scandinavie comme dans les autres pays germaniques, les elfes sont devenus des créatures de la mythologie inférieure, confondus avec les nains. C'est ainsi qu'ils apparaissent dans les sagas légendaires et dans les contes folkloriques.


1 de Vries, Jan. Altnordisches etymologisches Wörterbuch. 2., verbesserte Aufl. Leiden : Brill, 1977.