Régis Boyer (1932-2017) est un scandinaviste français. Par ses multiples activités – enseignant, chercheur, traducteur, il s'est attaché à faire connaître les langues, littératures et civilisation scandinaves.

Né en 1932 à Reims, il suit des études supérieures à Nancy, et devient licencié de français, de philosophie et d'anglais. Il passa plus tard l'agrégation de lettres modernes.

C'est de cette époque que datent ses premiers contacts avec la Scandinavie, avec la lecture, par curiosité, de la Saga d'Eirikr le Rouge et la fréquentation d'un cours d'initiation au scandinave créé par Maurice Gravier, alors professeur à l'université de Nancy. Il en conçoit « une immense curiosité qui allait évoluer en passion dévorante »1.

C'est pourquoi, au lendemain de son service militaire, effectué durant la guerre d'Algérie, il demande à être affecté en Europe du Nord. À défaut, il est d'abord nommé à Łódź (Pologne), mais ensuite à Reykjavík, où il se lie avec Einar Ólafur Sveinsson et Sigurður Nordal. Puis il passe sept ans en Suède, à Lund et à la tête de la Maison de France d'Uppsala.

Il rédige alors sa thèse principale, consacrée à La Vie religieuse en Islande (1116-1264) d'après la Sturlunga saga et les Sagas des évêques, et sa thèse secondaire, qui porte sur Le Mythe viking dans les lettres françaises. Son doctorat obtenu en 1970, il est nommé maître de conférences à Paris-IV-Sorbonne, où il a ensuite été professeur et directeur de l'Institut d'études scandinaves jusqu'à sa retraite en 2001. Il est aujourd'hui professeur émérite.

« Je me définis avant tout comme un pionnier […], je n'ai jamais eu la prétention risible de faire progresser la science, j'ai simplement souhaité faire reculer un peu l'erreur. J'aurai ouvert des voies, balisé des pistes, donné envie d'en savoir davantage, je tiens qu'il n'est rien de plus réjouissant ! »2

Face à l'ignorance du public français pour la chose scandinave, Régis Boyer s'est voulu un passeur. Il s'est lancé dans une vaste entreprise de vulgarisation, mais aussi de démythification et de démystification des idées reçues.

Il s'est ainsi fixé un vaste programme de traductions, de toutes les langues scandinaves, de tous les genres et de toutes les époques, depuis l'Islande des sagas (dont un volume de Sagas islandaises dans la Bibliothèque de la Pléiade) jusqu'aux grands écrivains scandinaves contemporains (parmi lesquels Halldór Laxness, Hans Christian Andersen ou Knut Hamsun). On lui doit la créations de collections dédiées à la Scandinavie, dont Lumière du Septentrion au Porte-Glaive ou Classiques du Nord, aux Belles Lettres.

Par ses ouvrages, articles, contributions à des ouvrages collectifs, directions ou participations à des colloques, animations de conférences, entretiens radiophoniques, il s'est attaché à présenter une image des vikings débarrassée des idées reçues, à faire connaître la richesse de la littérature scandinave, en particulier médiévale (sagas, poésie scaldique), ou encore à mener une réflexion originale sur les croyances et pratiques religieuses des anciens Scandinaves.

Il est enfin à l'origine de la création en France d'un cursus complet d'études scandinaves, du DEUG au doctorat. Ses élèves ont essaimé dans plusieurs universités françaises (Nancy, Lille, Strasbourg, Caen...).

Régis Boyer est mort le 16 juin 2017. 

Source

  • Boyer, Régis. Au nom du Viking : entretiens avec Jean-Noël Robert. Paris : Les Belles Lettres, 2002.

 


1 Au nom du Viking, p. 25.
2 Au nom du Viking, p. 111.