Outlander, le dernier Viking est un film de science-fiction (2008) inspiré de Beowulf. Le héros vient de l'espace et les monstres sont des créatures extraterrestres.

L'action se déroule en Norvège, en 709. Un vaisseau spatial s'abîme dans un lac. À son bord, Kainan (Jim Caviezel), qui est bientôt capturé par les vikings1 du roi Hrothgar (John Hurt), qui le soupçonnent d'avoir ravagé un village voisin. Mais c'est en réalité l’œuvre d'une monstrueuse créature extraterrestre, un Moorwen, qui s'en prend bientôt au village de Hrothgar. Kainan s'allie aux vikings pour le détruire.

Réalisé par Howard McCain, ce film américain constitue une nouvelle adaptation du poème Beowulf («  an unfortunate meeting between Alien and Beowulf », selon un critique2), bien que l'inspiration anglo-saxonne ait échappé à une partie de la critique et du public.

Il ne s'en inscrit pas moins dans la continuité de l'épisode de la série télévisée Star Trek: Voyager intitulé Heroes and Demons (1995) et des films Beowulf (1999), Beowulf, la légende viking (2005), ou La Légende de Beowulf (2007).

Comme dans le poème, l'action se déroule à Heorot (bien qu'ici situé en Norvège, et non au Danemark).

Quelques noms de personnages sont tirés de Beowulf, ainsi du roi Hrothgar, dans une moindre mesure de sa fille, Freya (Freawaru dans le poème), ou d'Unferth. À l'exception de Hrothgar qui se caractérise par son âge et sa sagesse, ces personnages n'offrent toutefois pas de ressemblance avec leur équivalent littéraire. Quant aux autres noms, ils ne proviennent pas du poème, à commencer par celui de Boromir, emprunté au Seigneur des anneaux3.

De même qu'il existe deux monstres dans Beowulf, Grendel et sa mère, il existe deux générations de Moorwens dans le film, créatures mangeuses d'hommes, amphibies, vivant dans une grotte et ne pouvant être vaincues par des armes ordinaires : dans le poème, Beowulf vainc la mère de Grendel grâce à une épée magique, tandis que, dans Outlander, Kainan tue le Moorwen à l'aide d'une épée fabriquée à partir du métal extraterrestre de son vaisseau, en lui tranchant le bras, ce qui rappelle le bras arraché de Grendel.

Le Moorwen, équivalent de la mère de Grendel, dans Outlander

Le film présente l'originalité de donner un motif aux actes des monstres, là où le poème décrit Grendel comme intrinsèquement mauvais, car appartenant à la race de Caïn (« Caines cynn »). Un flash-back montre en effet comment Kainan et ses semblables ont colonisé la planète des Moorwens, dont ils ont exterminé la race avant de s'y installer. Mais une créature a survécu, et prend sa revanche en massacrant les colons, dont la femme et la fille de Kainan4.

Ce cycle de vengeances entre le Moorwen et les humains (qui se double, dans une sous-intrigue, d'une cycle de représailles entre deux clans vikings) constitue un parallèle supplémentaire entre Outlander et Beowulf, où ce motif est récurrent.

Pour autant, Kainan se démarque de Beowulf en ce qu'il est un personnage ambigu. S'il est incontestablement le héros du film, et si le spectateur est invité à s'identifier à lui, il est à la fois coupable et victime et son nom évoque celui de Caïn, ce qui le rapproche de Grendel.


1 Ils se revendiquent comme tels, bien que le début de la période viking ne soit traditionnellement daté que de 793.
2 French, Philip. Outlander. The Observer. Sunday 26 April 2009.
3 Hommage, peut-être, au Tolkien spécialiste de Beowulf, qu'il a traduit et étudié (Beowulf: The Monsters and the Critics, 1936).
4 L'originalité est cependant relative : que l'hostilité de Grendel soit justifiées par l'intrusion des humains sur son territoire a été suggéré par Seth Lerer (“On fagne flor”: the postcolonial Beowulf, from Heorot to Heaney, in : Postcolonial Approaches to the European Middle Ages, 2005) et ce motif figure dans d'autres adaptations cinématographiques, dont le Beowulf de 1999.
 

Source

  • Marshall, David W. Harrying an Infinite Horizon : The Ethics of Expansionism in Outlander. In : The Vikings on Film. Essays on Depictions of the Nordic Middle Ages. Ed. by Kevin J. Harty. Jefferson, N.C. : McFarland & Company, 2011. P. 135-149.