La Morkinskinna (« Parchemin pourri ») est une saga royale qui retrace l'histoire des rois de Norvège de 1030 à 1157, et sans doute jusqu'à 1777 dans sa version d'origine. Elle a été composée vers 1220 par un ou plusieurs auteurs islandais anonymes.

MorkinskinnaLa Morkinskinna ou manuscrit GKS 1009 fol.
Den gamle kongelige samling, Det kongelige bibliotek, Copenhague.
La Morkinskinna désigne d'abord un manuscrit rédigé en Islande à la fin du XIIIe siècle et conservé à la bibliothèque royale de Copenhague sous la cote GKS 1009 fol. Il contient aujourd'hui trente-sept feuillets, mais son dernier cahier est manquant. Offert en cadeau au roi de Danemark Frederik III par l'évêque islandais Brynjólfur Sveinsson, il a reçut son nom de Thormod Torfæus au XVIIe siècle. Par extension, le terme désigne la saga contenue dans ce manuscrit. Des parties de la Morkinskinna se retrouvent dans le Flateyjarbók.

La version originale de la saga est plus ancienne que le manuscrit, et elle s'en distinguait peut-être par l'omission de tout ou partie des nombreux þættir qu'elle contient, ainsi que d'un certain nombre d'interpolations provenant de l'Ágrip.

La Morkinskinna est la première saga proposant un récit détaillé de la vie d'une série de roi de Norvège, réalisant la synthèse entre les brefs récits, dont l'origine remonte sans doute à Sæmundr Sigfússon et Ari Þorgilsson, illustrés par les trois synoptiques norvégiens, et les sagas individuelles consacrées à Óláfr Tryggvason, Ólafr Haraldsson et Sverrir Sigurðarson. Elle couvre d'ailleurs la période comprise entre la mort de Saint Ólafr et l'accession au trône de Sverrir.

Parmi les sources de la saga figurent le *Hryggjarstykki, qui est cité, tout comme la Knýtlinga saga et les Jarla sögur (c'est-à-dire l’Orkneyinga saga), mais ces deux dernières mentions pourraient être des ajouts tardifs. L'auteur a peut être aussi utilisé la Hákonar saga Ívarssonar. Une *Þinga saga est à l'origine de l'épisode du même nom dans la saga. La thèse selon laquelle il aurait existé une série de sagas individuelles est en revanche aujourd'hui écartée. L'auteur a eu largement recours à la poésie scaldique – 271 strophes ou fragments de strophe sont cités – et, d'une manière plus générale, la tradition orale semble avoir constitué une source majeure d'informations.

La version la plus ancienne de la Morkinskinna a servi de source à la Fagrskinna et à la Heimskringla, mais leurs auteurs en ont exclu les þættir et fait un usage plus sélectif des strophes scaldiques. La Hulda-Hrokkinskinna a été composée à partir de la Morkinskinna et de la Heimskringla.

Le rédacteur de la Morkinskinna se distingue des auteurs de la Fagrskinna et de la Heimskringla par son moindre souci de la rigueur historique. La structure de l'œuvre n'est pas linéaire, la chronologie est presque absente, et le récit est entrecoupé d'un grand nombre de digressions sous forme de þættir, dont certains ont dû avoir antérieurement une existence indépendante. L'auteur apparaît ainsi plus soucieux de raconter des histoires que d'écrire l'histoire.

Traduction

  • Morkinskinna : the earliest Icelandic chronicle of the Norwegian kings (1030-1157). Translated with introd. and notes by Theodore M. Andersson and Kari Ellen Gade. Ithaca (N.Y.) ; London : Cornell university press, 2000. (Islandica ; LI).