La Glymdrápa est un poème scaldique de Þorbjörn hornklofi composé à la fin du IXe siècle, louant les exploits guerriers du roi de Norvège Haraldr hárfagri.

 Glymdrápa dans la Heimskringla (Fríssbók)Premières strophes de la Glymdrápa dans la Heimskringla (Fríssbók).
Copenhague, Den Arnamagnæanske Samling.
Sept strophes et deux demi-strophes en ont été conservées.

La plupart figurent dans la Heimskringla (Haralds saga hins hárfagra), qui transmet aussi le nom de l'auteur, sous la forme « Hornklofi », et celui du poème.

Les différentes strophes y sont associées à une série d'épisodes guerriers de la vie de Haraldr : un combat dans la forêt contre les habitants de l'Orkdal (strophes 1 et 2) ; une première (deuxième helmingr de la strophe 3 et helmingr subsistant de la strophe 4, réunis en une seule strophe), puis une deuxième (strophe 5) batailles navales remportées au large de l'île de Sólskel, contre des roitelets norvégiens ; une campagne le long du Gautelfr (Götaälv) (strophes 6 et 7) ; une expédition dans les îles Britanniques (strophe 8).

Trois strophes (3 à 5) sont citées dans la Fagrskinna, où elles sont présentées comme se rapportant à la bataille du Hafrsfjörðr.

Le Haralds þáttr hárfagra, conservé dans la Flateyjarbók, propose un autre ordonnancement des strophes, et les situe dans un autre contexte historique. Il est également le seul à préserver la demi-strophe 91. Conservée dans un seul manuscrit, et d'un style se distinguant du reste du poème, il n'est pas certain qu'elle en fasse partie, même si certains chercheurs la considèrent comme le refrain (« stef ») du poème.

Trois helmingar sont également cités dans les Skáldskaparmál.

La contradiction des sources quant au contexte auquel se rapportent les strophes peut s'expliquer par le fait que les indications factuelles y sont extrêmement rares. Y figurent tout au plus les mentions de deux rois (« tveir döglingar », str. 3), des Gautar (str. 7) et des Skautar (str. 8), mais elles ne permettent pas nécessairement de corroborer l'interprétation qu'en donne Snorri : Haraldr pourrait ainsi parfaitement être désigné par une kenning le présentant comme l'ennemi des Écossais dans une strophe ne se référant pas à une bataille en Écosse.

Dans ces conditions, il n'est pas possible d'établir si le poème évoque des batailles indépendantes ou les moments successifs d'une même campagne.

Glymdrápa signifie « drápa du fracas », renvoyant sans doute au tumulte des batailles. Tout au long du poème, le scalde use, en effet, avec abondance du champ lexical du bruit. Dans la strophe 5, par exemple, il est question de la « tempête des épées », des flèches qui « mugirent dans le vacarme de Skögul [une valkyrie] » (la bataille), de « l'épée [qui] résonna contre les boucliers ». L'impression donnée par ce vocabulaire est renforcé par la richesse des assonances.

La Glymdrápa a sans doute été composée durant le règne de Haraldr – le poète s'adresse directement à lui à la strophe 9. La référence à une expédition dans les îles Britanniques conduit à la dater après la bataille du Hafrsfjǫrðr.

Si le Haraldskvæði, plus ancien, est composé dans un style « pré-scaldique » (Turville-Petre), la Glymdrápa présente en revanche toutes les caractéristiques du poème scaldique composé en dróttkvætt, avec sa métrique rigoureuse et ses kenningar élaborées et complexes. Elle constitue le plus ancien poème de louange royal en dróttkvætt, et a exercé son influence sur nombre de scaldes ultérieurs, chez qui peuvent être identifiés des emprunts à la Glymdrápa. Ainsi, le motif, employé à la strophe 9, selon lequel il ne se verra jamais sous le ciel de plus grand roi que Haraldr, a manifestement inspiré la dernière strophe de la Hrynhenda d'Arnórr jarlaskáld au XIe siècle.


1 Le scribe de la Flateyjarbók en fait, non pas la dernière strophe du poème, comme le font les éditeurs modernes, mais le premier helmingr d'une strophe complétée par le premier helmingr de la strophe 5.

 

Édition et traduction

  • Glymdrápa. Ed. by Edith Marold. In : Poetry from the kings' sagas. 1 From mythical times to c. 1035. Ed. by Diana Whaley. (Skaldic poetry of the Scandinavian Middle Ages ; I). Turnhout : Brepols, 2012. Part 1, p. 73-91.