La Germanie est une œuvre de l'historien romain Tacite, rédigée à la fin du Ier siècle. Décrivant les mœurs des peuples germaniques, elle fournit en particulier de nombreuses indications sur leur religion, apportant ainsi un éclairage précieux sur les sources scandinaves plus tardives.

Germanie de Tacite dans le manuscrit Vitt. Em. 1631Début du De origine et moribus Germanorum dans le manuscrit Vitt. Em. 1631 ou Codex Aesinas (XVe siècle).
Rome, Biblioteca nazionale centrale.
Tacite a utilisé des sources écrites, principalement Pline l'Ancien (Bellorum Germaniae uiginti libri), mais aussi la Guerre des Gaules de César. Il a probablement recueilli des récits de soldats ou de marchands.

Quoiqu'il soit porté à idéaliser la vertu primitive des Germains, et que son œuvre ne soit sans doute pas exempte de lieux communs relatifs aux peuples « barbares », son témoignage apparaît fiable.

Sur le plan religieux, il évoque d'abord les divinités, en commençant par le premier dieu, Tuisto, et son fils Mannus, ancêtre de la nation germanique et père de trois fils, qui ont donné leur nom aux peuples des Ingaevones, des Hermiones et des Istaevones (ch. 2). Le plus vénéré des dieux est Mercure, mais les Germains honorent aussi Hercule et Mars (ch. 9).

Tacite mentionne aussi les divinités de peuples particuliers. Les Semnons célèbrent le regnator omnium deus (ch. 39). Parmi les peuples du Nord de la Germanie, un prêtre accompagne la procession du char de la déesse Nerthus, la Terre Mère (ch. 40). Chez les Naharvales, un prêtre habillé en femme rend un culte à des dieux jumeaux, les Alci (ch. 43).

Nerthus, par Emil DoeplerLa procession du char de Nerthus représenté par Emil Doepler.
Illustration de Walhall. Die Götterwelt der Germanen de W. Ranisch (1900).

Les sacrifices humains sont évoqués à plusieurs reprises, en l'honneur de Mercure (ch. 9) ou du regnator omnium deus (ch. 39).

Tacite souligne la croyance des Germains dans les auspices. Ils tirent au sort des morceaux de bois sur lesquels ont été gravés des signes (peut-être des runes), ou bien observent le comportement des chevaux (ch. 10). Ils accordent une attention particulière aux prophéties des femmes (ch. 8).

Les Germains n'ont pas de temples, mais des bois sacrés (ch. 9), tels que la forêt sacrée des Semnons, où il n'est permis d'entrer qu'attaché (ch. 39).