Eikinskjaldi est – probablement – le nom d'un nain dans le Dvergatal. Il a inspiré Tolkien, qui l'a choisi pour surnom de l'un de ses personnages.

Eikinskjaldi dans le Codex RegiusLes premières strophes de la Völuspá, dont le début de la þula des nains, dans le Codex Regius.
Reykjavík, Stofnun Árna Magnússonar.
Eikinskjaldi apparaît dans une liste de noms (þulade nains figurant dans la Völuspá, une section connue sous le nom de Dvergatal (« Dénombrement des nains »). Une partie de son contenu a été reprise dans la Gylfaginning (ch. 13).

Le second élément est skjöldr : « bouclier ». Quant à eikinn, il connaît deux acceptions. Eikinskjaldi est généralement élucidé en retenant le sens « en chêne » (de eik :  « chêne ») : « Celui qui a un bouclier en chêne ». Mais l'adjectif signifie aussi « violent », « furieux », « enragé », d'où une autre traduction possible : « Celui qui enrage avec un bouclier »1.

Eikinskjaldi présente une double particularité : il est nommé deux fois dans le Dvergatal (str. 13 et 16), et il est employé dans un cas oblique (au datif singulier ; le nominatif serait Eikinskjöldr), ce qui a conduit à suggérer qu'il ne s'agirait pas d'un nom, mais d'un qualificatif appliqué aux nains qui précèdent, par opposition à ceux qui suivent, dépourvus, eux, de bouclier2.

La þula des nains a constitué une source d'inspiration pour J. R. R. Tolkien, qui y a puisé de nombreux noms. C'est le cas de Thorin Oakenshield (« Lécudechesne », dans la traduction de Daniel Lauzon),qui apparaît dans Le Hobbit. Tolkien a plus tard expliqué l'origine du surnom : lors de la bataille d'Azanulbizar, son bouclier fut fendu en deux, et il lui subsitua une branche de chêne3.


1 Gould, Chester Nathan. Dwarf-Names : A Study in Old Icelandic Religion. PMLA, 44-4 (Dec., 1929). P. 945.
2 Salus, Peter H. ; Beekman Taylor, Paul. Eikinskjaldi, Fjalarr, And Eggþér. Notes on Dwarves and Giants in the Völuspá. Neophilologus, 53-1 (Apr., 1969). P. 76-77.
3 Le Seigneur des anneaux, Appendice A, III, Les Gens de Durin.