Weland est un chef viking danois actif en Francie occidentale et dans le Wessex au cours des années 850 et 860, avant de se rallier au roi Charles le Chauve.

Les Annales de Saint-Bertin rapportent qu'en 860, Charles le Chauve, roi de Francie occidentale, leva un impôt payé par les églises, les exploitations agricoles (mansus), les marchands, devant lui permettre d'offrir 3 000 livres d'argent « soigneusement pesées » aux Danois actifs sur la Somme qui, l'année précédente, avaient pillé l'abbaye de Saint-Valery, la ville d'Amiens et les environs.

Le roi attendait d'eux qu'ils chassent ou tuent les vikings qui ravageaient, depuis plusieurs années, les rives de la Seine, une stratégie utilisée à de nombreuses reprises par les souverains carolingiens.

Cependant, la somme ne put être réunie immédiatement et, après avoir pris des otages, les Danois partirent combattre en Angleterre, où il furent vaincus. De fait, la Chronique anglo-saxonne indique, pour l'année 860, qu'une grande armée détruisit Winchester, avant d'être mise en fuite par les hommes du Hampshire et du Berkshire.

Il est possible que les négociations entre Charles et les vikings se soient maintenues par l'intermédiaire d'un Danois nommée Aslak, qui avait accepté le christianisme et vivait à la cour du roi. Les Miracles de Saint Riquier relatent en effet qu'Aslak mena une ambassade auprès de Danois en Angleterre.

En 861, la flotte était de retour et, après avoir ravagé Thérouanne, gagnait la Seine, forte de deux cents navires. Ce sont cette fois 5 000 livres d'argent que Charles le Chauve dut verser, ainsi que de grandes quantités de bétail et de céréales, afin d'éviter que le vikings ne vivent sur le pays.

Les hommes de Weland assiégèrent le fort construit par les vikings de Björn Côtes-de-Fer sur l'île d'Oscellus, peut-être Oissel, au sud de Rouen1. Réduits par la faim et la misère, les assiégés versèrent à Weland 6 000 livres d'or et d'argent, et firent alliance avec lui.

Weland, Annales de Saint-OmerRécit du siège d'Oscellus par Weland dans les Annales de Saint-Bertin (Ms. 706, XIe siècle).
Saint-Omer, bibliothèque d'agglomération du Pays de Saint-Omer.
Les vikings se séparèrent ensuite en petites bandes (sodalitas2) et, ne pouvant prendre la mer immédiatement, hivernèrent en divers ports de la Seine, depuis son embouchure jusqu'à Paris. Tandis que Weland s'installait au fort de Melun, son fils et les vikings qui occupaient Oissel prenaient leurs quartiers au monastère de Saint-Maur-des-Fossés.

En 862, ces derniers attaquèrent Meaux. Charles le Chauve prit alors des mesures défensives qui se révèlèrent efficaces, mobilisant ses hommes le long des rives de la Seine, de l'Oise et de la Marne et bloquant le passage des navires par la construction d'un pont à Isles-lès-Villenoy, coupant la retraite ennemie – une stratégie répétée et amplifiée par la suite, avec la construction de ponts fortifiés tels que celui de Pont-de-l'Arche.

Les Danois acceptèrent alors les conditions du roi, qui avais pris des otages parmi eux : ils durent remettre leurs prisonniers, quitter la Seine avec les autres vikings, et s'allier aux troupes royales pour affronter ceux qui refuseraient de partir. Une vingtaine de jours plus tard, Weland et ses hommes prêtèrent serment de fidélité (commendatio) à Charles.

Les Danois levèrent le camp, hivernant à Jeufosse, où ils réparèrent leurs navires, avant de partirent dans différentes directions. Beaucoup se rendirent en Bretagne.

Ce récit illustre le comportement des flottes vikings, capables de faire alliance aux moments opportuns, avant de se séparer à nouveau.

Mais Weland – qui avait peut-être perdu le contrôle d'une partie de ses troupes, vint à la cour, avec sa femme et ses fils, après s'être converti au christianisme.

Les Annales de Saint-Bertin rapportent sa mort en 863. Deux des vikings qui l'avaient accompagné et s'étaient également fait baptiser dénoncèrent la duplicité de leur chef. Weland protesta, et l'un des deux vikings le défia alors en combat singulier, « selon les mœurs de leur peuple », et le tua en présence du roi Charles.


1 L'emplacement de l'île a fait l'objet de nombreuses théories. Pour l'identification avec Oissel, au sud de Rouen, voir : Coupland, Simon. Charles the Bald and the defence of the West Frankish kingdom against the Viking invasions 840-877. Ph.D. thesis. Cambridge : University of Cambridge, 1987. P. 46-47.
2 Ce terme renvoie aux notions d'association ou de fraternité, et se rapproche en conséquence de celui de félag.