Vili et Vé sont les frères d'Óðinn, avec qui ils ont créé le monde après avoir mis à mort et démembré Ymir, ainsi que les premiers êtres humains, Askr et Embla.

Ymir mis à mort par Óðinn, Vili et Vé, Lorenz Frølich Ymir mis à mort par Óðinn, Vili et Vé, par Lorenz Frølich.
Illustration de Nordens Guder i Billeder (1875-1877).
Snorri rapporte, dans la Gylfaginning (ch. 6), que Borr et Bestla eurent trois fils : Óðinn, Vili (« volonté ») et Vé (« sanctuaire »). Óðinn est également présenté comme le frère de Vili dans des kenningar : « Vilja bróður » chez Þjóðólfr ór Hvini (Ynglingatal, str. 3), « bróður Vílis » chez Egill Skallagrímsson (Sonatorrek, str. 23). L'allitération *Wōdanaz-Vili-Vé atteste également l'ancienneté de cette fratrie, qui évoque aussi les trois frères, fils de Mannus, ancêtres des trois peuples germaniques, que mentionne Tacite dans la Germanie (ch. II).

Snorri attribue aux trois dieux le meurtre d'Ymir (ch. 7) et la création du monde à partir de son corps démembré (ch. 8). La Völuspá (str. 4) attribue pareillement la création du monde aux « fils de Burr ».

Óðinn, Vili et Vé créant le monde, Lorenz FrølichÓðinn, Vili et Vé créant le monde, par Lorenz Frølich.
Illustration de Den ældre Eddas gudesange, traduits par Karl Gjellerup (1895).
Snorri rapporte aussi que ce sont ces trois dieux qui ont créé les premiers êtres humains, Askr et Embla, à partir de deux troncs d'arbre (ch. 9). Le premier leur donna le souffle et la vie ; le deuxième l'intelligence et le mouvement ; le troisième l'apparence, la parole, l'ouïe et la vue. Toutefois, dans la Völuspa (str. 17-18), c'est une triade de dieux différente qui crée les premiers êtres humains : si Óðinn en fait toujours partie, Vili et Vé sont remplacés par Hœnir et Lóðurr.

Vili et Vé n'apparaissent que dans un seul autre mythe, évoqué, notamment, dans un bref chapitre de l'Ynglinga saga (ch. 3) :

« Óðinn avait deux frères, l'un s'appelait Vé, l'autre Vili; ses frères gouvernaient le royaume lorsqu'il était absent. Il se fit une fois, alors qu'Óðinn était parti loin et était resté longtemps absent, que les Ases désespérèrent de le voir revenir; alors ses frères entreprirent de se répartir son héritage, et sa femme Frigg, ils se la partagèrent. Mais un peu plus tard, Óðinn revint, et reprit alors sa femme. »

C'est sans doute à cela que Loki fait allusion dans la Lokasenna (str. 26), lorsqu'il adresse à Frigg le reproche suivant :

« Tais-toi, Frigg,
Tu es la fille de Fjörgynn
et as toujours été nymphomane,
Car Vé et Vili
tu les as – femme de Viðrir –
tous deux laissés t'enlacer. »