Þormóðr Trefilsson est un scalde islandais du XIe siècle. Sa vie est inconnue, et seules cinq strophes d'un poème intitulé Hrafnsmál (« Dits du corbeau ») ont survécu, préservées dans différents chapitres de l’Eyrbyggja saga.

Première strophe des Hrafnsmál dans l'Eyrbyggja saga (manuscrit AM 126 fol.)Première strophe des Hrafnsmál dans l'Eyrbyggja saga (manuscrit islandais AM 126 fol., 1635-1648).
Stofnun Árna Magnússonar, Reykjavík.
Composées dans la deuxième ou la troisième décennie du XIe siècle1, elles évoquent les combats remportés et les ennemis tués par Snorri goði, le héros de la saga, qui donna ainsi de la nourriture au corbeau, oiseau réputé charognard.

Le Hrafnsmál est le plus ancien exemple connu de poème composé en haðarlag, qui combine caractéristiques du málaháttr et du dróttkvætt2. Þormóðr ne respecte toutefois pas strictement les règles, en raison notamment de la difficulté d'insérer une rime intérieure dans des lignes si courtes, qui le conduit parfois à utiliser à la place une rime finale3.

Au XIIIe siècle, Sturla Þórðarson s'inspira de cette œuvre lorsqu'il composa en l'honneur du roi de Norvège Hákon Hákonarson un poème également nommé Hrafnsmál, qui emprunte au poème de Þormóðr, non seulement son titre, mais aussi son mètre et certaines de ses expressions.

 


1 Entre la dernière bataille évoquée, qui eut lieu vers 1010, et la mort de Snorri en 1031. Voir : de Vries, Jan. Altnordische Literaturgeschichte. 3., unveränd. Aufl. Berlin : de Gruyter, 1999. Bd I, p. 258.
2 Turville-Petre, E.O.G. Scaldic poetry. Oxford : Clarendon Press, 1976. P. xxxv.
3 de Vries, loc. cit.