Svanhildr est, dans le cycle des Völsungar, la fille de Sigurðr et de Guðrún. Elle meurt piétinée par les chevaux du roi Jörmunrekr, à qui elle était promise.

Svanhildr, par Jenny NyströmSvanhildr, dessin de Jenny Nyström.
Illustration de l'Edda traduite par F. Sander (1893).
Un chapitre de la Völsunga saga (ch. 42) lui est consacré. Son histoire est aussi évoquée, plus brièvement, et avec quelques différences, dans les Skáldskaparmál (ch. 42).

Svanhildr (de svanr, « cygne »1, et hildr, « bataille ») était la plus belle des femmes, et elle avait hérité du regard perçant de son père. Elle fut élevée à la cour du roi Jónakr, que Guðrún avait épousé après la mort d'Atli, avec ses demi-frères Hamðir, Sörli et Erpr.

Le roi goth Jörmunrekr souhaita l'épouser, et il envoya son fils Randvér, accompagné de son conseiller Bikki, demander sa main. Jónakr approuva cette union et, malgré la réticence de Guðrún, Ragnhildr partit pour le royaume de Jörmunrekr.

Pendant le trajet, Bikki suggéra à Randvér que Svanhildr lui conviendrait davantage qu'à son père, les conduisant ainsi à se rapprocher.

À leur arrivée, Bikki affirma au roi que Svanhildr était devenue la maîtresse de son fils, et lui conseilla de ne pas laisser cet acte impuni. Jörmunrekr fit en conséquence pendre Randvér, puis mettre à mort Svanhildr : elle fut attachée, et des chevaux lâchés sur elle. Mais ils n'osaient pas la piétiner tant qu'elle avait les yeux ouverts. Bikki lui fit en conséquence couvrir la tête, et elle mourut.

En apprenant la mort de sa fille, Guðrún exhorta ses fils à la venger, et ils périrent en s'efforçant de remplir cette mission.

L'histoire est naturellement connue des poèmes eddiques, qui la rapportent moins en détails. Elle est évoquée dans les Hamðismál (str 2-3), dont la première partie est constituée de l'exhortation de Guðrún à venger Svanhildr. L'épisode est raconté également dans le Guðrúnarhvöt : l'introduction en prose le résume brièvement, et la mort de Svanhildr est mentionnée tant dans la première partie du poème, où Guðrún incite ses fils à la vengeance (str 2), que dans la seconde, où elle se lamente sur son existence et sur la mort de celle qu'elle compare à un « magnifique rayon de soleil » (str. 15) :

« Ce me fut la plus grande de mes douleurs
quand la blonde chevelure de Svanhildr
dans la boue ils la foulèrent sous les sabots des chevaux. »
Guðrúnarhvöt, str. 16
 

Le destin de Svanhildr est encore prophétisé par Brynhildr dans la Sigurðarkviða hin skamma (strophes 55 pour sa naissance, 63 pour son mariage, 64 pour une allusion à sa mort).

Svanhildr est aussi connue de Saxo Grammaticus, qui rapporte sa mort d'une manière comparable dans la Gesta Danorum (Livre VIII, ch. 10), avec cette différence que c'est la beauté de Suanilda, et non son regard, qui empêche d'abord les chevaux de la piétiner.

L'histoire de Svanhildr trouve son origine dans un épisode rapprté par Jordanès dans ses Getica (ch. 24). Il y est question d'une femme nommée Sunilda, que le roi Hermanaric fait écarteler par des chevaux car son mari l'avait trahi. Elle est vengée par ses frères Sarius (Sörli) et Hammius (Hamðir).

Qu'une source historique puisse être invoquée n'empêche pas que nous soyons en présence de motifs littéraires classiques : la liaison entre fils et belle-mère – topos au moins aussi ancien que l'histoire de Phèdre et Hippolyte, et qui se retrouve, par exemple, dans Tristan et Iseut – ou encore la reine calomniée par un mauvais conseiller2.


1 Dans la Ragnarsdrápa, où Bragi Boddason évoque la vengeance exercée par Hamðir et Sörli pour la mort de leur sœur, Svanhildr est désignée sous le nom de Foglhildr, le scalde jouant sur le rapprochement entre svan et foglr, qui signifie « oiseau » (str. 6).
2 The Poetic Edda. Edited with translation, introduction and commentary by Ursula Dronke. Vol. 1. Heroic poems. Oxford : Clarendon Press, 1969. P. 220.