Sköll et Hati sont les deux loups, nés d'une géante, qui poursuivent respectivement le Soleil et la Lune, et finiront par les attraper lors des Ragnarök.

Dans la Gylfaginning (ch. 12), Gangleri interroge Hár sur la course du Soleil, qui va rapidement, comme s'il avait peur. Hár lui explique qu'il est en effet poursuivi, et précise : « ce sont deux loups et celui qui le poursuit s'appelle Sköll. Il l'effraie, et il l'attrapera. Et Hati Hróðvitnisson s'appelle celui qui court devant lui, et il veut attraper la Lune, et il en sera ainsi ».

Snorri tire sans doute ses informations des Grímnismál (str. 39), selon lesquels :

« Sköll s'appelle le loup,
il poursuit1 le dieu brillant
jusqu'au bois protecteur2,
et l'autre Hati,
il est le fils de Hróðvitnir3,
doit être devant l'éclatante épouse du ciel. »
 

Les loups poursuivant Sol et Mani, J.C. DollmanJ.C. Dollman, Les loups poursuivant Sol et Mani.
Illustration de Myths of the Norsemen de H. A. Guerber, 1909.
Il ajoute, toujours par l'intermédiaire de Hár, que Sköll et Hati sont la progéniture d'une vieille géante qui enfante des géants à forme de loup dans une forêt située à l'est de Miðgarð, nommée Járnviðr. Le plus puissant d'entre eux se nomme Mánagarmr, et il engloutira la Lune.

Ce passage dérive de la Völuspá , dont les strophes 40 et 41 sont citées à la suite :

« À l'Est était assise la vieille
à Járnviðr
et y enfantait
la race de Fenrir ;
parmi eux tous
l'un sera
le destructeur de l'astre4
sous la forme d'un monstre. »
 

L'image de Sköll et Hati, l'un précédant, l'autre suivant, le Soleil se prête à une interprétation naturaliste. Elle évoque une parhélie, ce phénomène optique causé par le halo solaire qui donne  l'illusion que le Soleil est encadré par deux répliques de lui-même. Ainsi que le relevait déjà Jakob Grimm dans sa Deutsche Mythologie, ce phénomène était connu sous les noms de « solvarg » ou « solulv » (« loup du soleil ») dans des dialectes suédois5.

Dans sa description du ragnarøkkr, Snorri écrit qu'« un loup engloutira le Soleil » puis « un autre loup attrapera la Lune » (Gylfaginning, ch. 51), sans toutefois nommer Sköll et Hati. Dans les Vafþrúðnismál (str. 46-47), c'est Fenrir qui est réputé s'emparer du Soleil, à moins que son nom ne soit utilisé comme nom commun désignant n'importe quel loup.

Sköll signifie « bruit » (de skjalla, « retentir ») ou « moquerie »6 et Hati « haineux » (de hata, « haïr »).


1 « Fylgir », qui n'a pas nécessairement un sens menaçant, et peut simplement signifier « accompagner ».
2 « Til varna viðar ». La traduction est difficile. L'expression désigne peut-être l'horizon. 3 Hróðvitnir est l'un des noms de Fenrir.
4 « Tungl » désigne le plus souvent la Lune. Mais signifiant « astre » dans son sens premier, il peut aussi signifier le Soleil.
5 Grimm, Jakob. Deutsche Mythologie. 2. Ausgabe. 1. Bd. Göttingen : Dieterische Buchandlung, 1844. P. 668.
6 Sköll est la forme qui apparaît dans les Grímnismál et le Codex Regius de l'Edda de Snorri. En revanche, dans les trois autres principaux manuscrits de l'Edda en prose, le loup se nomme Skoll, qui signifie « tromperie ».