Gungnir (« l'oscillante ») est la lance d'Óðinn. C'est l'un des attributs traditionnels du dieu.

Depuis les gravures rupestres jusqu'aux pierres runiques, en passant par divers artéfacts archéologiques, l'iconographie représentent un personnage armé d'une lance est riche. Nombre de ces représentations semblent avoir Óðinn pour sujet.

Pierre de SandaLes personnages représentés avec une lance sur la pierre de Sanda (Gotland, période viking) sont parfois identifiés à Óðinn portant Gungnir.
Historiska museet, Stockholm.
Pour les scaldes, Óðinn est le « secoueur de Gugnir » (« Gungnis váfaðr », Bragi Boddason, fragment) ou le « seigneur de la lance » (« geirs dróttin », Egill Skallagrímsson, Sonatorrek, str. 22). Kormákr Ögmundarson représente de même Hroptr (Óðinn) avec Gungnir (Sigurðardrápa, str. 7).

Dans les poèmes eddiques, la lance d'Óðinn apparaît dans le récit de l'autosacrifice (Hávamál, str. 138), lorsque le dieu est pendu durant neuf nuits à Yggdrasill, transpercé par une lance. C'est pourquoi se transpercer d'une lance est une façon de se consacrer à Óðinn (ainsi Óðinn lui-même et Freyr se font marquer à l'aide d'une pointe de lance dans l'Ynglinga saga, ch.9) ou de faire un sacrifice au dieu (le roi Víkarr est ainsi pendu et transpercé d'une lance par Starkaðr dans la Gautreks saga, ch. 7).

La lance apparaît aussi dans le récit de la guerre des Ases et des Vanes, lorsqu'Óðinn la jette dans les rangs ennemis (Völuspá, str. 24). La coutume de jeter une lance afin de consacrer son ennemi à Óðinn apparaît à plusieurs reprises, jusque dans une saga d'Islandais se déroulant peu avant la conversion, l′Eyrbyggja saga (ch. 44), dans laquelle Steinþór jette une lance par dessus la troupe de ses ennemis, « selon l'ancienne coutume, pour obtenir bonne chance ».

Guerre des Vanes, Lorenz FrølichÓðinn s'apprête à jeter sa lance dans les rangs des Vanes, par Lorenz Frølich.
Illstration de Den ældre Eddas gudesange, traduits par Karl Gjellerup (1895).
Ce sont les nains qui sont les artisans de Gungnir, comme ils le sont de nombreux autres objets précieux des dieux. Dans les Skáldskaparmál (ch. 35), Snorri Sturluson rapporte que Loki avait, par malice, coupé les cheveux de Sif, la femme de Þórr. Lorsqu'il le découvrit, ce dernier s’apprêta à le tuer, mais Loki s'engagea à faire fabriquer par les elfes noirs, c'est-à-dire les nains, des cheveux d'or qui pousseraient comme des vrais. Il se rendit donc chez les fils d'Ívaldi, qui fabriquèrent la chevelure, le bateau de Freyr, Skíðblaðnir, et Gungnir.