Drakkar est un film britannique sorti en 2013. Il se déroule en 793 en Angleterre et suit Hereward, un jeune novice du monastère de Lindisfarne chargé de mettre à l'abri les Évangiles de Lindisfarne, convoités par une bande de vikings.

Drakkar filmThe Darkest DayDrakkar1, dont le titre original est A Viking Saga: The Darkest Day, est sorti en 2013, en DVD uniquement. Le film a été réalisé par le Gallois Chris Crow, jusque là metteur en scène de films d'horreur. Le scénario est de Chris Crow et Graham Davidson, ce dernier également producteur du film (ainsi que de Viking: The Berserkers, sorti l'année suivante). Le rôle de Hereward est interprété par Marc Pickering. Le film a été tourné au pays de Galles.

793, sur l'île de Lindisfarne, en Northumbrie. Le monastère de Lindisfarne vient d'être pillé, et ses moines massacrés, par une bande de vikings menés par Hardrada, roi d'Ekerö2. Celui-ci veut s'emparer du livre sacré du monastère, source d'une grande puissance. Mais le manuscrit a été confié au vieux moine Æthelstan et au jeune novice Hereward, chargés de le mettre à l'abri à l'abbaye d'Iona. Drakkar retrace donc le périple initiatique de Hereward et de ses compagnons, poursuivis par une bande de vikings particulièrement caricaturaux : pillards, violeurs (le vieil Æthelstan en fait les frais3) et sanguinaires.

 

Pages des Évangiles de Lindisfarne aperçues dans DrakkarPage tapis en forme de croix et incipit de l'Évangile selon saint Jean. Une reproduction de ces deux pages apparaît dans le film.
British Library, Londres.
L'objet de la convoitise des vikings, ce sont les Évangiles de Lindisfarne, auxquels sont prêtés dans le film des pouvoirs fantastiques, puisque de l'ouvrage est réputé dépendre le salut de l'Angleterre. Sans aller jusque là, le livre était un objet de vénération, et le Sunday Times4 a employé à son propos la formule « the book that made Britain ». Le manuscrit est, en effet, un véritable trésor artistique et religieux, et il porte témoignage de l'identé anglaisse naissante. Magniquement écrit et enluminé par Eadfrith, évêque de Lindisfarne de 698 à 721, ainsi que l'indique sans doute justement le film, c'est un remarquable exemple d'art insulaire, qui mêle styles celte et anglo-saxon, parmi d'autres influences. Probablement conçu pour servir au culte de saint Cuthbert, il illustre la reconversion de l'Angleterre après la chute de l'Empire romain et les invasions des peuples païens, Angles et Saxons.

Le raid sur Lindisfarne, le 8 juin 793, qui marque traditionnellement le début de l'âge viking, est bien documenté – le film s'ouvre d'ailleurs sur trois citations se rapportant à l'événement, tirées de la Chronique anglo-saxon, des lettres d'Alcuin et de l'Historie Regum de Siméon de Durham. En revanche, les Évangiles de Lindisfarne n'ont pas quitté l'île à cette date. Ce n'est qu'en 875, après la conquête de la Northumbrie par les vikings, que les moines abandonnèrent Lindisfarne avec leurs reliques et leur trésor. Après sept ans d'errance, ils s'installèrent à Chester-le-Street.

Si les vikings ne se sont jamais emparés des Évangiles de Lindisfarne, tel n'est en revanche pas le cas d'un autre manuscrit anglo-saxon contenant également les Évangiles : le Codex Aureus, qui fut dérobé dans les années 850. Une note sur une page du manuscrit indique que l'ealdorman (du Surrey) Alfred et sa femme Werburg le rachetèrent, avec leur or, à une « armée d'invasion païenne », pour que ces textes sacrés ne demeurent pas en des mains païennes. Ils en firent donc à la communauté monastique de Christ Church (Canterbury), pour le salut de leur âme.

Bande annonce


1 « Drakkar » est un barbarisme et un solécisme. De surcroît, l'action du film se déroule entièrement sur terre, et seuls quelques plans larges montrent des navires.
2 Le prénom, qui n'en est pas un, a sans doute été inspiré par le surnom du roi de Norvège Harald Hardråde, « Hardrada » en anglais. Quant à Ekerö, c'est une île du lac Mälar, non loin de Birka. Les vikings auteurs du raid sur Lindisfarne seraient donc des Suédois, ce qui est hautement improbable.
3 Un sort qu'aurait peut-être subi l'un des moines de Saint-Bertin martyrisés par les vikings en 860, selon la lecture (contestée) que fait Albert D'Haenens des Miracles de Saint-Bertin (Les Invasions normandes en Belgique au IXe siècle, Louvain : Publications Universitaires, 1967, p. 84-85). 
4 11 mai 2003.