Blathmac est un moine irlandais qui subit le martyre en 825 à l'abbaye d'Iona, après avoir refusé de révéler à des vikings où était dissimulée la châsse de saint Colomban.

Manuscrit de la vita de BlathmacL'un des deux manuscrits contenant le Versus Strabi de beati Blaithmaic vita et fine (Xe siècle).
Saint-Gall, Stiftsbibliothek.
Les Annales d'Ulster notent, pour l'an 825 le martre Blaimhicc m. Flainn o genntib in Hi Coluim Cille, c'est-à-dire la « mort violente de Blathmac fils de Flann des mains des païens à Iona ».

Cette brève entrée est complétée par une vita composée peu après l'événement par Walahfrid Strabo (vers 807-849), moine à l'abbaye de Reichenau, dont il fut abbé de 838 à sa mort. Elle a pu être rédigée dès 826, avant le départ de Walahfrid à Fulda, ou après son retour, en 838.

Le récit du martyre est certainement parvenu à Walahfrid par l'intermédiaire d'un Irlandais ayant entrepris le voyage jusqu'aux abbayes du lac de Constance (non loin de celle de Reichenau se situe celle de Saint-Gall). Qu'il existât un lien entre Iona et Reichenau est confirmé par la présence dans la bibliothèque du monastère alémanique d'un manuscrit composé à Iona et contenant une vita de saint Colomban.

Dans un poème de 172 hexamètres, Walahfrid rapporte que Blathmac était de sang royal et héritier du trône. Hormis l'Irlande, aucun nom de lieu n'est cité, et pas davantage de personne. Si l'entrée des Annales d'Ulster indique qu'il était « fils de Flann », celui-ci ne peut être identifié, et les origines précises de Blathmac sont donc inconnues.

Il renonça à son statut pour entrer au service du Christ, et rejoignit secrètement un monastère. Nul ne put le faire revenir sur sa décision. Plus tard, recherchant la palme du martyre (« martyrii palmam quaesivit »), il partit pour l'île d'Iona (Hy), aux Hébrides.

Une abbaye avait été fondée là par saint Colomban (Colum Cille), dont les reliques y étaient conservées dans une précieuse châsse.

Les annales irlandaises font état d'une succession rapprochée de raids vikings sur ce très riche édifice, en 795, 802, 806. L'abbaye fut pillée, incendiée, sa communauté massacrée. La plus grande partie des moines trouva alors refuge dans le monastère nouvellement fondé (814) de Kells, en Irlande.

Blathmac rejoignit donc la communauté demeurée sur place et en prit la tête. Un matin, tandis qu'il célébrait la messe, survinrent des pillards danois (ainsi sont-ils qualifiés dans la vita, mais ils étaient plus probablement norvégiens). Ils massacrèrent les moines puis, comme Blathmac refusait de leur révéler la cachette du reliquaire de saint Colomban, il fut mis en pièces.

Des miracles se produisirent là où reposent les reliques du martyr. Il existe cependant peu de témoignages de la vénération du saint.

L'abbaye d'Iona survécut à la période viking, même si les reliques de saint Colomban, que les pillards de 825 n'étaient pas parvenus à découvrir, finirent par être transférées en 849. Elle fut une nouvelle fois la cible de vikings en 986.

Édition et traduction

  • Walahfrid Strabo. Zwei Legenden : Versus Strabi de beati Blaithmaic vita et fine ; De vita et fine Mammae monachi. Eingeleitet, herausgegeben und übersetzt von Mechthild Pörnbacher ; mit einem Geleitwort von Walter Berschin. Heidelberg : Mattes Verlag, 2012.